Une conversation avec la photographe Brigitte Thériault pour le 30e anniversaire de Québec Snowboard

Alors que Québec Snowboard (AQS) célèbre officiellement son 30e anniversaire cette année, on retourne là où tout a commencé : bien avant l’incorporation officielle de l’organisation, le 17 juillet 1995. Pour lancer cette série spéciale, nous avons rencontré la photographe professionnelle Brigitte Thériault, dont les clichés des années 90 ont récemment refait surface dans le groupe Facebook Old Skool Snowboarders.

À l’époque, Thériault était étudiante en photographie au Cégep du Vieux-Montréal. Le snowboard n’était pas prévu dans son parcours : comme beaucoup d’autres, c’est un frère, une rencontre fortuite ou une gang de passionnés qui l’y ont amenée.

« Mon frère faisait du snowboard. J’étais curieuse. Finalement, j’ai juste suivi la gang avec ma caméra », se souvient-elle.

À ce moment-là, la conception des planches évoluait rapidement. Les riders expérimentaient, les marques innovaient, et le sport forgeait encore son identité : un mélange de sport extrême et de mouvement contre-culturel.

Des lieux iconiques comme Stoneham et le Mont-Sainte-Anne étaient des terrains de jeu pour la scène naissante.

« Au début, les snowboarders n’étaient pas encore acceptés à la montagne. Alors on montait à pied, le soir. Ensuite, quand ils ont commencé à nous laisser rider, c’était uniquement dans la section complètement à droite de la station », raconte Thériault.

Le freestyle dominait ces premières années, mais les compétitions de race gagnaient en popularité. Certains noms résonnent encore aujourd’hui : Pascal Bergeron, reconnu pour son style fluide et assuré ; et Mathieu Morency, qui participera à plusieurs Coupes du Monde au cours de sa carrière.

Les tensions avec les skieurs étaient bien réelles. Le snowboard était perçu comme rebelle, marginal : pas toujours le bienvenu. Mais c’est justement cette énergie d’outsider qui a forgé son identité au Québec. Des figures comme André Dallaire et Alain Ayoub, ainsi que des shops comme 30 Nœuds (devenu plus tard Radical), ont joué un rôle clé. Des boutiques comme En Équilibre, avec Julie Miville en tant que propriétaire, ont rendu l’équipement et la culture plus accessibles.

« Il y avait un fort esprit DIY — ce n’était pas juste du sport. C’était un mode de vie », dit Thériault.

Les photos de cette époque, qu’elle développait elle-même en chambre noire, sont brutes, instinctives et pleines d’émotion. La scène locale s’inspirait fortement de ce qui se faisait aux États-Unis en matière de musique, de mode et de snowboard.

Trente ans plus tard, ces moments vivent encore à travers les clichés : un héritage bien vivant. Même si l’équipement a changé, l’âme du snowboard québécois, elle, est restée la même, conclut Thériault avec un sourire.

Voici quelques unes des photos fournies par Brigitte Thériault, n’hésitez pas à la suivre sur instagram.com/vintagebrigitte